"De la musique venue des profondeurs de l'enfer, montant lentement dans une coulée de lave avec l'odeur enivrante du soufre fumant qui s'échappe des fissures, engloutissant progressivement la terre, semant la mort et la destruction, ne laissant derrière elle que des cendres froides d'un noir profond ... '' C’est comme ça que nous avons commencé notre critique de «Tempus Edax Rerum», le nouveau disque de JOHN 3:16. Et parce que nous étions étonnés - le tonnerre est l'un des sons qui semblent sortir de vos enceintes en écoutant le disque - et intrigués par ce broui de sons rare, nous avons décidé d'envoyer quelques questions à Philippe Gerber, l’auteur de l’œuvre.
Bonjour Philippe. Nous sommes très impressionnés par ton nouveau disque 'Tempus Edax Rerum'. Es-tu satisfait par ta nouvelle œuvre ?
Bonjour Xavier, merci pour tes mots. Je me rends surtout compte que c’est un album qui n’est pas facile à approcher. Les titres sont longs et plein de sonorités particulières, et qui correspondent à plusieurs styles en même temps. Je pense que je suis satisfait, et qu’avec le recul, c'est une œuvre qui va durer, car elle est très personnelle.
Nous voyons une continuation entre 'Visions of the Hereafter' en 2012 et 'Tempus Edax Rerum' en 2020. Mais nous voyons aussi des différences. Comment ton son a-t-il évolué depuis 2012 ?
‘Visions of The Hereafter’ est aussi un album très personnel. Pour ce dernier, je suis parti d’une thématique spécifique - les concepts de Paradis, Enfer et Purgatoire dans les religions monothéistes, la représentation de ces concepts dans l’art et en particulier la peinture - et j’avais déjà en tête la dynamique globale de l'album. Le nom de l’opus et les titres étaient également quelque chose qui avaient été définis avant même que je ne commence à travailler sur la musique. J’ai eu la même approche pour ‘Tempus Edax Rerum’. J’ai eu d’abord en tête le titre et la notion d’ensemble de mouvements qui se succèdent bien avant d’avoir enregistré la toute première note.
Ce qui diffère par contre, c’est la production. Je pense avoir progressé en huit ans, surtout au niveau des sons de batterie. Depuis trois ans, je travaille pour Ruben Nava / Music Junkies basé à Los Angeles, en tant que compositeur pour musique de trailers, films, séries TV, etc. Ruben est un directeur musical qui a une culture musicale incroyable. Il m’a aidé à sortir de ma zone de confort, en particulier pour tout ce qui est rythmique. Ça a naturellement déteint sur mon travail de production dans le cadre de JOHN 3:16. ‘Visions of The Hereafter’ présentaient des morceaux aux productions rythmiques bien différentes. Il y a plus de cohésion sur ‘Tempus Edax Rerum’ : les nappes de claviers se mélangent aux sons de guitares. Il est parfois même impossible pour l’auditeur de discerner ces sons. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec Carolyn O’Neill (Rasplyn, Chicago) qui a posé sa voix et quelques instruments sur un titre. Elle avait également participé à la composition de ‘Visions of The Hereafter’.
Tu présentes 'Tempus Edax Rerum' comme la suite de 'Visions of the Hereafter'. Pourtant, tu as beaucoup sorti en ces huit années. Pourquoi est-ce une continuation du disque de 2012 ?
'Tempus Edax Rerum' est officiellement le second album de JOHN 3:16. C’est la suite cohérente de ‘Visions of The Hereafter. Il est vrai que j’ai sorti un nombre important d’albums (en collaboration avec Mark Harris et Anthony Donovan), un disque de B-sides, de EPs et singles (‘200 Million Horsemen’, ‘Sodom & Gomorrah’ entre autres), un bootleg live et j’ai même eu la chance de rééditer ‘Visions of The Hereafter’ (avec la premier EP ‘John 3:16’ en bonus) en version cassette via Cruel Nature Recordings (Angleterre). Récemment, j’ai produit un remix de NIN (In This Twilight) avec le groupe Belge Be The Hammer, avec lequel j’ai un projet de collaboration en cours.
Toutes ces sorties entre ‘Visions of The Hereafter’ et ‘Tempus Edax Rerum’ m’ont aidé à forger le son que tu peux entendre. J’ai pris le temps de travailler les sons de guitares en studio, j’ai fait l’effort de de jouer certaines parties de batterie en temps réel et j’ai même pris le temps de dépoussiérer certains de mes claviers analogues. Ces huit années ont été essentielles pour trouver une nouvelle direction et une identité neuve.
Tu as fait une version spéciale et limitée sur cassette ou tu as reconstruit tes morceaux - cinq morceaux sur la version digitale - en deux morceaux sur la cassette. Quelles décisions importantes as-tu dû prendre pour rendre ça possible ?
J’ai composé un ensemble de 30 titres pour ‘Tempus Edax Rerum’ - plus de 10 heures d’enregistrement. Pour la version cassette, je voulais présenter quelque chose d’unique en ajoutant deux titres inédits dissimulés dans deux longs titres 'Mors omnibus' et 'Mors vincit omnia'. Il m’a été facile de le faire, puisque ‘Tempus Edax Rerum’ est un ensemble de mouvements cohérents dont la production est homogène de la première à la dernière note.
Les morceaux sur la cassette s'appellent 'Mors omnibus' (mors à tout) et 'Mors vincit omnia' (la mort vainc tout le monde). La mort est un sujet prédominant sur ton nouveau disque, non. Pourquoi ?
Je vis en Pennsylvanie depuis 2013. Je suis proche de Philadelphia, mais je suis dans une partie de la Pennsylvanie qui reste assez sauvage. Ce contact avec la nature - au calme en quelque sorte - m’est nécessaire pour composer. Une partie dans laquelle je vis est perdue dans une forêt ou cerfs, renards, vautours, aigles, etc. se côtoient au quotidien. Assez fréquemment, je tombe à la rencontre de cadavres d’animaux à différents stades de putréfaction. Cela a commencé à m’affecter en un sens, et c’est là qu’est né le concept de l’album. L’art utilisé pour la version digitale et pour la cassette est composé de photos que j’ai prises au cours des années, une manière pour moi de rendre hommage à ces gracieuses créatures.
Par contre, les références religieuses ont semblé disparaître. Tu nous avais dit dans une interview précédente que la religion était un thème principal dans JOHN 3:16. Est-ce encore le cas ?
‘Tempus Edax Rerum’ traite d’une notion universelle (celle d’un commencement et d’une fin à tout), qui est connectée en un sens à ‘Visions of The Hereafter’. En Christianisme par exemple, la notion d’immortalité n’est pas naturelle à l’Homme. Même s’il l'on veut croire à un après, la mort est une étape inéluctable qu’il faut accepter de manière sereine. En Hindouisme, la mort n’est que souffrance, et c’est ce qui justifie les renaissances multiples jusqu’à atteindre le Soi véritable. Donc pour répondre à ta question, oui, JOHN 3:16 est primordialement inspiré par la religion au sens large. C’est l’occultisme dans les religions qui est surtout le centre d’attention.
Je suis en train de travailler sur le prochain long intitulé ‘The Pact’. La thématique est définie, ce sera basé sur le mythe de Faust, majoritairement sur la tragédie écrite par Goethe. L’album devrait sortir en 2022 ou en 2023, le label est encore à confirmer. L’artwork est déjà prêt, c’est l’artiste Mexican Nestor Avalos qui s’en est chargé. Il a travaillé avec des groupes tels que Moonspell, Mercyless, Iscariot, etc. Un titre est en cours de mixage final. Je posterai un extrait sur mes pages en 2021.
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